LES MENACES DE LA RUSSIE :
Rien ne va plus de l’autre côté des Pyrénées depuis quelques mois, les budgets de défense explosant afin de rattraper un retard conjoncturel de trente ans. L’un des aspects les plus flagrants est la volonté de l’Armada Española d’en finir avec ses avions embarqués d’attaque au sol McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II. Désormais Madrid ne cache même plus son ambition d’acquérir le Lockheed-Martin F-35B Lightning II, un avion qui offrirait à son aéronavale une nouvelle dimension. De l’avis même des experts européens c’est l’instabilité diplomatique et militaire engendrée par l’expansionnisme russe qui est la cause première de cette accélération.
Quand en octobre dernier les autorités espagnoles ont lancé un appel d’offres à candidatures visant au remplacement de leurs AV-8B Harrier II tout le monde y a vu un jeu de dupes. En effet un seul et unique avion existe aujourd’hui sur le marché susceptible de cocher toutes les cases, et c’est forcément le chasseur de 5e génération de Lockheed-Martin. L’Armada Española ne disposant pas de porte-avions, au sens CATOBAR du terme, elle doit s’appuyer sur son seul porte-aéronefs : le Juan Carlos I.
C’est ce dernier qui accueille actuellement les avions d’attaque à décollages et atterrissages verticaux, et pourra d’ici quelques années en faire de même avec les chasseurs furtifs.
Globalement ce bâtiment de guerre espagnol fait surtout des ronds dans l’eau en Méditerranée. Il se hasarde parfois jusqu’au Golfe tandis que dans d’autres cas son cap l’amène à franchir le détroit de Gibraltar afin d’entrer dans le grand bain, celui de l’Atlantique nord. Et c’est notamment cette option qui conduit Madrid désormais à vouloir accélérer le calendrier de remplacement de ses Harrier II au profit de Lightning II. À la différence du premier le second est clairement un chasseur et non un avion d’attaque au sol pouvant remplir des missions secondaires de défense aérienne rapprochée. Il peut donc parfaitement représenter une réponse graduée à la présence grandissante d’avions espions et de bombardiers stratégiques russes au large des côtes espagnoles. Le golfe de Gascogne est notamment ciblé. L’Espagne ne cache plus ses ambitions de voir le Juan Carlos I en patrouille océanique. La récente décision d’acquérir le très moderne MH-60R Seahawk auprès de Sikorsky s’inscrit d’ailleurs dans cette même logique.
Aujourd’hui il semble quasiment évident que l’Espagne annoncera dans l’année sa volonté d’acheter une quinzaine de Lockheed-Martin F-35B Lightning II. En France quelques esprits chagrins, souvent un peu toujours les mêmes, y voient un renoncement de Madrid dans le programme européen SCAF piloté conjointement par Airbus DS et Dassault Aviation. Leur ignorance crasse les mène dans l’erreur la plus totale puisque celui-ci doit préfigurer un chasseur de 6e génération et non un avion de 5e génération à décollages et atterrissages verticaux. L’Espagne peut parfaitement acheter de tels avions pour l’Armada Española et attendre le SCAF pour l’Ejercito del Aire y del Espacio.
Il est désormais envisageable que les McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II espagnols soient retirés du service aux alentours de 2026-2027, à condition que Madrid ne passe sa commande dans les prochains mois.
Affaire à suivre.
Photo © Armada Española
