
LES BREVETS DE L’AKOYA
…LES BREVETS DE L’AKOYA, L’HYDRAVION À FOILS FRANÇAIS, VONT-ILS PARTIR EN CHINE POUR 90.000 EUROS?

L’Akoya, un hydravion à foil capable de se poser partout et en tout temps – Lisa Airplanes
Les affaires Photonis et Segault, ces pépites technologiques françaises sur lesquels lorgnent des industriels étrangers, ont fait couler beaucoup d’encre. Celle de Lisa Airplanes commence seulement à émerger. Cette entreprise savoyarde a inventé l’Akoya, un hydravion biplace à foils capable de se poser sur terre, mer agitée et sur neige. C’est le seul au monde à avoir passé des tests avec succès. Ces innovations qui ont coûté de millions d’euros pourraient partir en Chine.
Faute de contrats, de financement et dans l’attente d’une certification, la startup a été mise en liquidation il y a un an. En janvier, c’est à la société chinoise Zhejiang Xingxue General Aviation Industry R&D, actionnaire minoritaire, que le tribunal de commerce d’Annecy a cédé les actifs pour 90.000 euros. Pour ce montant, elle va faire l’acquisition des brevets, des moules, d’un outillage aéronautique de pointe et d’un prototype de l’Akoya.
Gabriel Terrasse, PDG d’Hydropter 2.0, qui s’était porté immédiatement acquéreur des actifs de Lisa avec un projet, n’entend pas en rester là. Depuis janvier, il se démène pour ne pas laisser ces innovations partir vers Pékin. Pour lui, la décision de justice est « étonnante ».
« Sur le fond, il n’y a rien à dire, mais c’est une question de souveraineté », réagit Gabriel Terrasse.
Le dirigeant a déposé un recours à la cour d’appel de Chambéry qui doit statuer le 1er juin. L’affaire a aussi été portée à la connaissance du parquet général de Paris. La PME nantaise propose même de s’aligner sur l’offre de l’entreprise chinoise pour ne pas laisser partir l’Akoya. L’idée est d’utiliser les technologies de cet hydravion de luxe pour développer des appareils d’utilité publique.
Le projet est de développer de gros hydravions pour le transport en zones difficiles, pour la sécurité civile, pour des missions de patrouille maritime et même un « Canadair » capable de décoller, d’amerrir ou d’écoper même par gros temps.
« Ces foils augmentent la plage d’utilisation de cet hydravion, on peut aller bien plus loin qu’un appareil sportif de luxe. Nous travaillons avec des anciens d’Airbus prêts à relancer le programme Akoya », explique à BFM Business Gabriel Terrasse.
Le Concorde des mers
La PME nantaise a toute la légitimité pour ces programmes, d’autant qu’elle travaille déjà sur l’installation de foils sur des bateaux, un domaine qu’elle maîtrise. En 2019, elle a remis à flot l’Hydroptère, le multicoque créé dans les années 80 par Éric Tabarly et Alain Thébault avec DCNS, devenu Naval Group. Il a été abandonné de 2015 à 2019 des années à Hawaï faute de sponsors et de financement. Avec Chris Welsh, Gabriel Terrasse l’achète aux enchères pour le rapatrier en France et le remettre en état.

Ce trimaran volant reste à ce jour le plus rapide du monde en mer. Il atteint une vitesse de pointe de vitesse à 55,5 nœuds, soit plus de 100 km/h.
« L’Hydroptère, c’est le Concorde des mers. 60% de ses composants proviennent de l’aéronautique et ont été éprouvés sur des appareils emblématiques d’Airbus ou de Dassault Aviation », nous signale Gabriel Terrasse.
En effet, pour atteindre de telles performances, il est équipé de technologies aéronautiques. Les poutres structurelles en carbone proviennent de l’A340, les foils sont issus du Mirage 2000 et les contre-fiches du Rafale Marine.
« Nous avons customisé certains éléments comme ceux du Rafale pour pouvoir encaisser une puissance de 60 tonnes contre 30 pour l’avions de chasse. En mer, les chocs sont plus violents qu’un appontage », précise le PDG d’Hydropter.
Gabriel Terrasse réussira-t-il à créer l’avion dont il rêve à sauvegardant les innovations de l’Akoya? Réponse en juin avant le salon du Bourget où l’hydravion faisait jadis sensation. Le dirigeant se dit « optimiste ». « Nous avons bien sauvé l’Hydroptère, pourquoi par l’Akoya? ».
EDIT© Infos-Jour

Mr.PiT

